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Chapitre I. Notions générales de lexicologie

 

§1. Définition et objet de la lexicologie

 

Toute langue se caractérise par son vocabulaire, sa structure grammaticale et son système phonétique. Ce sont les trois éléments fondamentaux de la langue, chacun d'eux formant l'objet d'une étude théorique spéciale.

L'étude de chacun de ces trois éléments de la langue n'a pas toujours connu un développement égal. Tout d'abord on a étudié la structure grammaticale. Depuis des époques très reculées et jusqu'à ces derniers temps on a établi des règles pratiques et des lois scientifiques seulement pour les phénomènes grammaticaux; c'est pourquoi très longtemps on a considéré à tort que le problème théorique fondamental d'une langue c'est l'étude de sa structure grammaticale. Un petit nombre de renseignements sur le vocabulaire et sur le système phonétique entraient comme annexes dans la grammaire. Ce ne fat qu'au XlX-e siècle que l'étude plus approfondie du lexique et de la phonétique mena à leur constitution en branches indépendantes de la linguistique.

De nos jours la linguistique dispose d'assez de données concernant ces trois parties principales de la langue pour considérer que la théorie de toute langue consiste en trois branches: la grammaire, la lexicologie et la phonétique.

La lexicologie (des mots grecs "lexis" = mot et "logos"= science) est donc une branche de la linguistique générale, ayant pour objet l'étude du vocabulaire ou du lexique, c'est-à-dire l'ensemble des mots et de leurs équivalents, considérés dans leur développement et leurs liens réciproques dans la langue. Par les équivalents des mots on entend les groupements phraséologiques stables qui, comme les mots, expriment une seule idée, une image unique et n'ont un sens que dans leur unité.

On peut distinguer la lexicologie générale,comparée et spéciale. La lexicologie générale étudie les lois caractéristiques communes au lexique de toutes les langues; la lexicologie comparée s'occupe du lexique d'un groupe de langues, le plus souvent des langues apparentées, de la même "famille"; la lexicologie spéciale envisage le vocabulaire d'une seule langue prise à part. Toute lexicologie spéciale est basée sur les principes de la lexicologie générale, donc son étude doit commencer par examiner quelques théories générales sur le mot considéré du point de vue de sa signification et de sa structure.

Dans la lexicologie spéciale on peut distinguer la lexicologie historique, qui étudie la formation et le développement du vocabulaire d’une langue depuis l’origine jusqu’à nos jours, et la lexicologie descriptive, qui envisage le vocabulaire d’une langue et les particularités de son développement dans les limites d’une période déterminée.

Il faut souligner que le vocabulaire d’une langue contemporaine existe comme un système d’éléments qui se sont conditionnés et influencés réciproquement pendant leur développement historique.La lexicologie spéciale dune langue moderne ne peut donc pas être détacnée de la lexicologie historique. L'objet de notre cours étant l’étude du vocabulaire français moderne, il est nécessaire de tenir compte et de profiter des données de la lexicologie historique, afin de pénétrer plus profondément et de mieux comprendre les phénomènes du vocabulaire du français d'aujourd'hui.

Les différents domaines de préoccupation de la lexicologie sont:

L’étymologie, qui s'occupe de l'explication historique de l'acception et de la forme des mots. Le sens du mot est déterminé avant tout par la réalité, il se forme sous 1’influence de l’expérience accumulée au cours des siècles, donc l'étymologie doit être fondée sur l'analyse des plus anciens monuments écrits de la langue. Ainsi l'étymologie se rattache également à la lexicologie historique et à la lexicologie de­scriptive. Une forme spéciale en est l'étymologie populaire, la transformation d'un mot (en règle générale récemment entré dans la langue) sous l'influence d'un mot plus connu, auquel il ressemble par la forme et, le plus souvent, par le sens.

La sémantique ou sémasiologie, qui étudie les mots considérés du point de vue leurs significations et de l'évolution de leurs sens concrets.

La toponymie et l ’onomastique s'occupent des noms propres, la première de l’étude linguistique et historique des noms de lieux, la seconde - nommée aussi anthroponymie - des noms de personnes.

La lexicographie est la science de la composition et de l'étude des dictionnaires, basée sur la délimitation des principaux sens des mots, l'analyse et le classement des mots et des groupements phraséologiques.

La géographie linguistique se rattache de près à la lexicologie. Son objet principal est la recherche des limites d'expansion des phénomènes linguistiques. Elle porte plus spécialement le nom de géographie phonétique lorsqu’elle s'occupe des zones où l'on constate un certain changement phonétique, tandis que la géographie lexicologique cherche à délimiter les zones d'emploi des différents mots.

 

§2. Les rapports entre la lexicologie

et les autres branches de la linguistique

 

Les rapports objectifs du mot avec les autres parties constitutives de la langue et avec les phénomènes de la réalité désignés par lui déterminent les rapports de la science du mot avec les autres branches de la science, linguistiques (avec la grammaire, la phonétique, l'histoire de la langue, la dialectologie, la stylistique) aussi bien que non-linguistiques (avec la sociologie, la psychologie, 1'histoire du peuple qui parle la langue donnée).

Étant la partie la plus mobile de la langue, levocabulaire, comme la langue dans son ensemble, est le résultat de toute la marche multiséculaire de la société et reflète non seulement les grands bouleversements sociaux, mais aussi l'histoire de la culture, de la production, du genre de vie, parée qu'il est lié de près à toutes les sphères de l’activité humaine.

Il va sans dire que les changements les plus intenses dans le vocabulaire ont lieu dans les périodes et sous l’influence des grands événements sociaux et politiques, toute-fois ce ne sont pas seulement les changements des ordres sociaux, les révolutions et les guerres qui mènent à la création des mots nouveaux. L'apparition des néologismes peut être la conséquence de certains faits peu importants, comme, par exemple, les variations de la mode dans l'habillement.

De plus, le lexique ne sert pas aux besoins d'une seule classe, mais de toute la société, donc les mots qui sont introduits d'abord par un groupe social quelconque peuvent acquérir plus tard une plus grande extension. Ainsi le mot alarme, provenu de l'italien «all’arme» était à l'origine un terme de guerre, un appel aux armes; à présent il est un terme d'emploi beaucoup plus large, ayant le sens de "frayeur subite", "trouble" et même "inquiétude" (par exemple "Cessez vos alarmes"). De même, des mots comme attaque, bataille, brigade, expédition, salaire, pionnier étaient d’abord des termes de guerre, mais aujourd’hui ils sont aussi employés dans des domaines qui n'ont rien à voir avec la guerre.

Le rapport de la lexicologie avec la grammaire est particulièrement étroit; d'ailleurs, la lexicologie était considérée comme un chapitre de la grammaire et sa séparation comme branche linguistique à part est de date assez récente. Ce rapport étroit s'explique par le lien indestructible et varié de leurs objets d'étude, le lexique et le système grammatical. Dans les rapports mutuels entre le lexique et la grammaire il faut souligner l'opposition foncière établie entre le vocabulaire et le système grammatical, en même temps que l'action réciproque entre ces deux aspects de la langue.

Le lexique pris en lui-même ne constitue pas la langue. Les mots se rattachent les uns aux autres, prenant dans le langage des formes diverses, suivant les règles grammaticales de la langue donnée. Les mots isolés ne peuvent être rencontrés que dans les dictionnaires, et alors même ils ont une forme grammaticale, de règle la "forme initiale" (l'infinitif présent pour les verbes, le masculin singulier pour les adjectifs, etc.), et souvent ils sont présentés aussi rattachés à d'autres mots, pour préciser leurs différents sens.

La grammaire embrasse donc ce qui est général dans la langue, tout ce qui se construit d'après certaines règles de la langue en question. Quant au vocabulaire, il comprend l’ensemble des unités lexicales: les mots et les expressions équivalentes, les locutions figées et toutes sortes d'idio­tisme et d'unités phraséologiques indissolubles.

Les manifestations de ce lien entre le lexique et la grammaire sont assez variées.

Ainsi, un mot isolé peut souvent ne pas être compris, sa signification étant précisée par le contexte, qui fait voir son rôle grammatical. Par exemple, le sens du mot ferme varie selon son emploi comme verbe ("ferme la porte"),comme adjectif ("terre ferme"), adverbe («parler ferme") au comme nom (exploitation rurale).

Le lien entre la lexicologie et la grammaire est très étroit en ce qui concerne la formation des mots; souvent ceux-ci passent d’une catégorie grammaticale à l’autre, avec le changement du sens. Par exemple, l’adverbe bien, signifiant «d'une manière qui plaît" ("il parle bien"), est devenu aussi nom, avec le sens de "patrimoine" ("le bien public").

Souvent une forme qui ne montrait au début qu’une différenciation grammaticale constitue la base pour la formation d'un mot avec une nouvelle signification. Ainsi, le mot autorité, qui signifie "puissance légitime" (par exemple:"l’autorité d'un chef" ou "assurance" (par exemple: "parler avec autorité), au pluriel à la ferme autorités et le sens de "représentants de la puissance publique", "hauts fonctionnaires" (par exemple: "les autorités civiles et militaires).

Donc la grammaire étudie les formes structurales de la langue, ses lois constructives, et la lexicologie s'occupe de sa "matière première". Bien que considérant la langue de points de vue différent, la grammaire et la lexicologie sont organiquement liées, le système grammatical et le lexique constituant, avec le système phonologique, la base de la langue.

La lexicologie est étroitement liée à la phonétique. Une langue ne peut pas exister sans sons, tout mot a son "enveloppe sonore». L’aspect sonore constitue un composant indispensable de chaque mot et, par conséquent, ne peut pas être omis dans l'étude de la lexicologie. De plus, une série de phénomènes dans la lexicologie du français moderne s'expliquent seulement par la phonétique historique; par exemple, beaucoup d'homonymes sont le résultat des changements subis par des mots latins qui avaient des prononciations différentes. Tels sont les mots français mère,mer et maire,qui dérivent respectivement des mots latins mater, mare et maior.

Chaque langue a ses particularités phonétiques distinctives. Le commencement ou la fin des mots peuvent être caractérisés par certains traits, comme l'emploi ou le non-emploi de certains sons ou groupes de sons. Ainsi, les mots français ne peuvent pas être commencés par les sons dl, tl, sr, le son ch n'est jamais suivi d'une consonne; quant à la fin des mots, l’accent tonique sur la dernière syllabe est caractéristique pour le français.

De même, la lexicologie est liée à 1’histoire de la langue. Le lexique d'une langue contemporaine est le résultat d'une série d'époques, toutefois il reflète plus vite les changements qui se produisent dans la vie du peuple. L’histoire du vocabulaire est donc en même temps une partie importante de l'histoire de la langue et la base de la lexicologie.

En premier lieu, l’étymologie, cherchant à établir l'origine des mots, fait comprendre les sources du vocabulaire et ses voies de développement. Très souvent des mots ou des locutions du français contemporain ne peuvent s'expliquer qu'en se rapportant à l'époque de leur apparition. Par exemple, la locution "élever sur le pavois», qui signifie «vanter», «mettre en grand honneur», est une allusion à une coutûme de 1époque des Francs: les rois francs, à leur proclamation, étaient élevés sur un grand bouclier, qui portait le nom de pavois. De même, il y avait en France des monnaies d'or appelées louis et napoléons, parce qu'elles avaient été mises en circulation respectivement sous Louis XIII et Napoléon I-er.

Il faut signaler aussi les contacts entre la lexicologie et la dialectologie, branche de la linguistique qui s'occupe des variétés régionales d'une langue. La lexicologie s’occupe seulement des éléments dialectaux qui ont influencé la langue nationale unique et qui sont employés dans le langage courant contemporain.

Enfin, la lexicologie a des traits communs avec la stylistique, branche de la linguistique dont l'objet est l'étude des moyens expressifs et des différents styles de la langue. La même pensée peut être exprimée de différentes manières et chaque fois elle acquiert différentes nuances de signification, selon les moyens d'expression, l'attitude de celui qui parle envers l'objet en question et l’effet qu'il veut produire sur celui qui l'écoute.

Par exemple, le mot français tête provient du latin testa, qui dans le latin classique n'avait pas le même sens que le mot caput, mais celui de "vase d'argile", "pot" (cf. roum. «test»). Dans le language courant, familier surtout, le mot testa commença à être employé, par métaphore, avec le sens de caput et avec ce sens il a passé dans le latin populaire et dans les langues qui en dérivent (cf. it. testa. roum.teasta). Plus tard le mot français tête a pris d’autres significations nouvelles: esprit, intelligence, vie, etc.

 

Chapitre II. Le mot en tant qu'unité de la langue

 

§3. La definition du mot

 

Dans toute science il y a des unités de son objet, unités dont on étudie les propriétés, le développement et l'influence réciproque. Les unités de la science du vocabulaire sont les mots, les parties de mots ou morphèmes et les équivalants des mot, les locutions phraséologiques. Ce sont non seulement des unités du vocabulaire, mais aussi de la langue en général, parce qu'ils renferment les caractères généraux de la langue: la forme extérieure sonore et la signification.

L’objet fondamental de l’étude de la lexicologie est le mot, cependant on n'a pas encore réussi à donner une définition satisfaisante du mot, une définition qui puisse marquer la limite entre le mot et les autres unités lexicales. Dans n’importe quelle science il est difficile de définir les notions les plus générales, mais le problème de la définition du mot est particulièrement difficile à résoudre, parce que le mot, étant en même temps unité sonore et significative, présente des aspects linguistiques, psychologiques et sociologique. De plus, le mot est 1’unité fondamentale non seulement du vocabulaire, mais aussi du système grammatical de la langue, de sorte qu'il représente une association complexe d'éléments grammaticaux et lexicaux.

Même la définition la plus complète du mot comme "unité linguistique du langage sonore historiquement constituée, étant une forme d’existence de la notion" n'établit pas les limites entre le mot et les autres unités linguistiques et ne reflète pas tout ce qui est spécifique du mot.

Toutes les définitions proposées jusqu'à présent souffrent par leur caractère unilatéral.

Ainsi, la fameuse définition du philosophe matérialiste anglais du XVII-e siècle Thomas Hobbes: "Les mots ne sont pas des sons vains, mais des noms de la matière" ne touche qu'à l'aspect philosophique du problème. La définition proposée par la grammairien anglais Henry Sweet: "Les mots sont le minimum potentiel de la proposition» caractérise seulement l'aspect syntaxique du mot.

Une définition plus large, concernant en partie l’aspect sémantique du mot, a été donnée par le linguiste américain E. Sapir: " Le mot est une des plus petites parties dépositaires du sens auquel se réduit la proposition et qui se suffit à soi-même". Les représentants de la linguistique descriptive américaine contemporaine adoptent en général une forme modifiée de cette définition, en nommant le mot "forme libre minimale", c'est-à-dire ils regardent le mot comme la plus petite partie de la langue qui puisse être employée isolée.

La définition donnée par le linguiste russe R.A. Boudagov est la plus complète, parce qu'elle reflète les propriétés les plus importantes du mot: "Le mot représente la plus petite et indépendante unité matérielle (son et forme) et idéale (signification), de caractère dialectique et historique".

Toutes ces définitions sont incomplètes. Aucune d'elles ne permet d’établir la limite entre le mot et la locution phraséologique d'une part, entre le mot et le morphème d'autre part; elles n'indiquent pas la fonction fondamentale du mot, à savoir leur fonction nominative, elles ne posent pas le problème des rapports entre les différentes formes d'un même mot, ne permettent pas de montrer la différence et le lien entre le mot et la notion.

Dernièrement, les savants (O.S. Ahmanova, V.V. Vinogradov, E.M. Galkina-Fedoruk, A.I. Smirnitski et d'autres) ont étudié la théorie du mot sous des aspects très variés. Les thèses fondamentales de cette théorie peuvent être formulées de la manière suivante:

Le mot est 1’unité fondamentale, historiquement constituée, de la langue, une forme d’existence des notions qui apparaissent comme expression généralisée de la réalité environnante et se fixent dans la signification du mot. En ce sens les mots reflètent la réalité. Le côté sonore du mot ne reflète pas la réalité, mais il la nomme, et en ce sens le mot est un signe, mais un signe gui, loin d'être arbitraire, est motivé historiquement et confirmé dans la pratique des relations entre les hommes. Les mots se rattachent les uns aux autres en propositions, en langage raisonnable, ce qui les distingue des morphèmes, qui ne peuvent pas exister dans la parole en dehors des mots. Dans le parler courant, les mots peuvent être assez facilement distingués comme unités significatives et grammaticales à part, et en cela ils diffèrent des locutions phraséologiques, qui n'ont ni intégrité structurale ni indépendance sémantique. Dans tout fragment du parler, le mot est employé avec une signification certaine et avec une forme grammaticale bien définie. Dans la langue, le mot polysémique représente tout un système de significations, les formes grammaticales d'un même mot représentent tout un système de formes.

Cette caractéristique développée du mot ne peut pas servir de définition à cause de son étendue, mais elle a une grande importance théorique, car elle pose toute une série de questions linguistiques et philosophiques, dont la discussion constitue la théorie du mot. Ce sont:

a) Le rapport entre la forme sonore du mot et la notion qu'il exprime.

b) La délimitation entre le mot et le morphème, et entre le mot et le groupement de mots.

c) L'identité des mots, c'est-à-dire le rapport entre le mot polysémique et le groupe des homonymes, et entre les différentes formes grammaticales du même
mot.

 

§4. La motivation du mot

 

Tout objet ou phénomène de la nature possède un grand nombre de traits caractéristiques, mais pour sa dénomination on n'en choisit qu'un, généralement plus en vue, sans être nécessairement le plus essentiel: c'est lui qui sera dorénavant le représentant de l'entier, de l'ensemble des traits caractéristiques.

Ainsi, il y a un oiseau qu'on appelé bouvreuil (de «bouvier»), un autre qu'on appele bergeronnette (de «berger»), parce qu'ils accompagnent souvent les troupeaux de boeufs ou de moutons. D'autres oiseaux ont reçu leurs noms: d'après leurs mouvements caractéristiques, comme la hochequeue (hocher = secouer) ou le canard (anc. fr. «caner» = caqueter); d'après la couleur ou la forme d'une partie de leur corps, comme le verdlier, la fauvette, le pivert («pic vert»; pic = oiseau), le rouge-queue, le rouge-gorge, le bec croisé, le gros-bec, le moineau (dénomination plaisante due à une comparaison de son plumage avec le vêtement d'un moine); d'après le lieu où ils trouvent leur nourriture, comme le chardonneret (qui recherche la graine du chardon) ou le tourne-pierre (qui cherche sous les pierres des vers et des mollusques); d'après leur cri caractéristique, comme le coucou, etc.

Donc, au moment de son apparition, le mot ou son équivalent tend à être une caractéristique de la chose qu'il 'désigne: le vinaigre est l'acide fait avec du vin, le casse-noix est une sorte de pince pour casser les noix. La dénomination d'un objet est basée sur la mise en évidence d'une particularité quelconque de cet objet. La signification première du mot est appelée signification étymologique. Ainsi, la signification étymologique du mot table est de «planche» (lat. tabula). Voici d'autres mots avec leur signification étymologique:

 

Forme actuelle Signification étymologique Mot d’origine
linge de lin lineus (lat.)
candeur blancheur éclatante candor (lat.)
rue ride ruga (lat.)
travail instrument de torture tripalium (lat. pop.)
penser peser pensare (lat.)
traire tirer trahere (lat.)

 

Lorsque le rapport entre la signification actuelle du mot et les critères qui sont mis à la base sa dénomination, aussi bien que le rapport de ce mot avec ceux qui l'ont précédé dans la langue, peuvent être compris et expliqués par sa signification étymologique, on dit que le mot est motivé, qu'il possède une forme interne.

Ainsi, des mots tels que dessinateur, commissionnaire sont motivés, parce que le suffixe indique l'agent et la racine du mot précise l'action qui est exécutée; de même, des mots comme charpentier, écolier, journaliste, socialiste sont motivés, car le suffixe indique celui qui exerce un métier ou l'adepte d'une doctrine, à savoir le métier ou la doctrine que la racine indique.

Des mots comme portefaix, tire-bouchon, maintenait sont motivés par les mots qui entrent dans leur composition. De même, la signification des mots tels que boule au sens de «tête» et de table au sens de «cuisine» est motivée grâce au rapport qui s'établit entre le sens figuré et 1e sens propre.

II faut remarquer cependant que certains mots motivés ne le sont pas entièrement. Par exemple, le charpentier exécute des travaux de charpente, mais l'écolier ne construit pas des écoles. Si les mots théière, cafetière désignent des récipients qui contiennent respectivement du thé ou du café, on ne peut pas expliquer pourquoi laitière ne signifie pas «un pot au lait», mais bien «une femme qui vend du lait». De même, il n'y a aucune raison pour que le mot cafetier signifie «le patron du lieu public où l’on prend du café», et le mot cafetier signifie «l’arbrisseau qui produit le café»; la cafetière c’est un vase qui contient du café, la cafeière c'est le lieu planté de caféiers. En ces cas la signification des mots s'appuie sur la pratique de la comunication verbale et la motivation peut conduire même à des contradictions avec la signification étymologique, comme dans la phrase: «Les mûres noires vertes sont rouges».

Au cours du développement historique du vocabulaire, la structure phonétique des mots et leur signification peuvent changer tellement, que la signification étymologique s'efface tout à fait. Cet effacement s'effectue graduellement, de sorte qu' à chaque étape du développement de la langue il y a des cas intermédiaires: des mots qui sont motivée seulement par un des éléments de leur structure morphologique. C'est le cas des mots malheur, bonheur dont la signification actuelle peut être en partie expliquée par leur premier élément, mal ou bon; quant à leur seconde partie, elle reste obscure, parce qu'elle n'a rien de commun avec heure (du latin "hora"), mais il s'agit du mot heur, dérivé du latin augurium ("présage", "chance"), qui a disparu de l'usage.


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