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Notes de bas de page

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  1. Notes to the Text
  2. VOCABULARY NOTES
  3. VOCABULARY NOTES

1 Nous tenons à remercier pour leurs commentaires N. Jabko, A.-M. Le Gloannec et M. Pongy.

2 Respectivement Chargés de recherche au CERI-FNSP et au CERVL-FNSP.

3 G. Tordjman, " Le silence de la science politique ", Libération, 2-3 novembre 1996.

4 Thomas Risse-Kappen, " Exploring the nature of the beast: International relations theory and comparative politics analysis meet the European Union ", Journal of Common Market Studies, 34/1, march 1996, pp. 53-80.

5 E. Haas, The obsolescence of regional integration theory, Berkeley, Center for International Studies, 1975.

6 J. Caporaso et J. Keeler, " The European Union and regional integration theory " in Carolyn Rhodes and Sonia Mazey (eds), The state of the European Union, vol. 3, Boulder, Lynne Rienner, 1995, p.27 et 42.

7 A. Sbragia (ed.), Euro-politics: institutions and policymaking in the " new " European Community, Washington, Brookings Institution, 1992; et aussi Simon Hix, " The study of the European Community: the challenge to comparative politics ", West European Politics, 17/1, January 1994, pp. 1-30.

8 A-M. Burley, W. Mattli, " Europe before the court: a political theory of legal integration ", International Organization, n° 47, 1993; et aussi K. Alter, S. Meunier-Aitsahalia, " Judicial politics in the European Community: European integration and the pathbreaking Cassis de Dijon decision ", Comparative Political Studies, n° 26, January 1994.

9 En France, les années quatre-vingt se caractérisent aussi par une forte empreinte du paradigme transnational sur les travaux théoriques de relations internationales (il est vrai pas si nombreux que cela). Les recherches menées par Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts ont en particulier marqué le débat intellectuel (voir Le retournement du monde, Paris, Presses de Science Po, 1992) ainsi qu'une génération de doctorants formés à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.

10 S. Hoffmann, " Europe's identity crisis: Between the past and America " (1964), reproduit in Essays on Europe 1964-1994, Boulder, Westview Press, 1995, pp. 9-50; et aussi " Obstinate or obsolete? The fate of the nation-state and the case of Western Europe ", Daedalus, Summer 1966, pp. 862-915.

11 R. Keohane et S. Hoffmann (eds), The new European Community: decision-making and institutional change, Boulder, Westview, 1991.

12 G. Garrett, " International cooperation and institutional choice: the European Community's internal market " in John G. Ruggie (ed.), Multilateralism matter. The theory and praxis of an international system, New York, Columbia University Press, 1993.

13 Alors qu'une grande majorité des politistes anglophones (et tout particulièrement britanniques) s'intéressant à l'intégration européenne limitent de plus en plus leurs lectures aux travaux publiés dans leur seule langue, A. Moravcsik utilise au contraire un matériel empirique constitué de références en langue anglaise, allemande et française. Cette qualité est devenue suffisamment rare pour être soulignée.

14 Pour une critique des travaux de Moravcsik, voir D. Wincott, " Institutional interaction and European integration: towards an everyday critique of liberal intergovernmentalism ", Journal of Common Market Studies, 33/4, December 1995, pp.597-609.

15 A. Moravcsik, " Preferences and power in the European Community: a liberal intergovernmentalist approach ", Journal of Common Market Studies, 31/4, December 1993, pp. 473-524.

16 A. Moravcsik, " Negotiating the Single European Act: national interests and conventional statecraft in the European Community ", International Organization, Winter 1991, pp. 19-56.

17 E. Cohen, La tentation hexagonale, Paris, Fayard, 1996.

18 E. Cohen, op. cit., p. 317.

19 J. J. Anderson, " The state of the (European) Union: from the single market to Maastricht, from singular events to general theories ", World Politics, April 1995, pp. 441-465.

20 A. Moravcsik, op.cit., 1991, pp. 48-49; souligné par nous.

21 H. Wallace, " Making multilateralism work " in William Wallace (ed.), The dynamics of European integration, London, Pinter, 1990.

22 A. Moravcsik, Why the European Community strengthens the state: domestic politics and international cooperation, Harvard Center for European Studies, working paper n° 52, 1994.

23 A. Moravcsik, op. cit., 1993, p. 507.

24 Chr. Lequesne, " La Commission européenne entre autonomie et dépendance ", Revue Française de Science Politique, 46/3, juin 1996, pp. 389-408; et aussi Wayne Sandholz, " Membership matters: limits of the functional approach to the European institutions ", Journal of Common Market Studies, 34/3, September 1996, pp. 403- 429.

25 L. Cram, " The European Commission as a multi-organization: social policy and IT policy in the EU ", Journal of European Public Policy,1/1994, pp. 195-218.

26 S. Bulmer, " Domestic Politics and European Community policy-making ", 21/4, June 1983, pp. 349-363.

27 R. Putnam, " Diplomacy and domestic politics: the logic of two-level games ", International Organization, Summer 1988, pp. 427-461.

28 A. Moravcsik, op.cit., 1994; voir aussi A. Milward, The European rescue of the nation-state, Berkeley, University of California Press, 1992.

29 Chr. Lequesne, op.cit., 1993.

30 A. Moravcsik, op. cit., 1993, p. 483; pour une critique, voir Gary Marks, Liesbet Hooghe et Kermit Blank, " European integration from the 1980s ", Journal of Common Market Studies, 34/3, September 1996, pp. 341-378.

31 P. Muller, " Introduction. Un espace européen des politiques publiques " in Y. Mény, P. Muller et J.-L. Quermonne (dir.), Politiques publiques en Europe, Paris, L'Harmattan, 1995.

32 A. Moravcsik, op. cit., 1993, p. 45.

33 W. Sandholtz, J. Zysman, " Recasting the European bargain ", World Politics, October 1989, pp. 95-128.

34 Cf. infra.

35 Pascal Vennesson, critique bibliographique in Revue Française de Science Politique, 45/5, octobre 1995, pp. 857-866.

36 A. Moravcsik, op. cit., 1993, p. 477.

37 J. Snyder, " Richness, rigor and relevance in the study of Soviet foreign policy ", in Sean Lynn-Jones, S. Miller et Stephen Van Evera (eds), Soviet military policy, Cambridge, MIT, 1989, pp. 3-22.

38 S. Andersen, K. Eliassen (eds), Making policy in Europe. The Europification of national policy-making, London, Sage, 1993.

39 P. Muller, op. cit., 1995.

40 Jean-Claude Thoenig signale ainsi trois dangers pour l'analyse des politiques publiques telle qu'elle est pratiquée en France: la routinisation des problématiques et des méthodes, la vulgarisation d'une approche scientifique en prescriptions de management public et un complexe d'infériorité par rapport à d'autres branches de la sociologie et de la science politique, in " La quête du deuxième souffle ", Revue française de science politique, 46 (1), février 1996. Patrice Duran va plus loin en évoquant trois autres questions dans son article " L'analyse des politiques publiques en perspective, de la crise du politique à sa reconstruction ", Revue française de science politique, 46 (1), février 1996. A une époque de " reconstruction du politique ", il est tout d'abord temps pour lui de dépasser un questionnement en terme d'efficacité de l'action publique pour s'interroger plus systématiquement sur la " publicness " (p. 110) et la nature même de la responsabilité politique (pp. 117-118). Deuxièmement, il ne suffit plus de rester au niveau des changements de dispositifs institutionnels et de procédures, une attention plus grande devant être portée aux résultats du point de vue des publics concernés et de leur imbrication avec le changement social (p. 111). Enfin, une reconnexion entre analyse des politiques publiques et analyse des institutions doit être opérée dans la mesure où " tout n'est pas processus " (p. 115).

41 C. Webb, " Theoretical perspectives and problems " in W. Wallace, H. Wallace & C. Webb (eds), Policy-making in the European Community, London, J. Wiley, 1983.

42 J. Jamar et W. Wessels (dir.), L'administration communautaire à l'heure des choix, Bruges, De Tempel, 1985.

43 H. Siedentopf, J. Ziller (dir.), L'Europe des administrations?: la mise en oeuvre de la législation communautaire dans les Etats membres, Londres, Sage, 2 vol. 1988.

44 Wolfgang Wessels, " Staat und (westeuropäische) Integration. Die Fusionsthese " in Michael Kreile (hrsg.), Die Integration Europas, Opladen, Westdeutscher Verlag, 1992.

45 F. Scharpf, " The joint-decision trap: lessons from German federalism and European integration " in Law and state, volume 36, 1987.

46 M. Croisat et Jean-Louis Quermonne, L'Europe et le fédéralisme: contribution à l'émergence d'un fédéralisme intergouvernemental, Paris, Montchrestien, 1996.

47 R. Keohane, " The demand for international regimes ", International Organization, XXXVI, (2), 1982; S. Krasner (ed.), International regimes, Ithaca, Cornell University Press, 1983.

48 P. Soldatos, Le système institutionnel et politique des Communautés européennes dans un monde en mutation: théorie et pratique, Bruxelles, Bruylant, 1989; E. Kirchner, Decision-making in the European Community. The Council presidency and European integration, Manchester, Manchester University Press, 1992.

49 M. Sharpe, in J. Lodge (ed.), The EC and the challenge of the future, London, Pinter, 1990.

50 E. Cohen, " A la recherche de l'adversaire et politique économique: nationalisation, politique industrielle et Acte Unique Européen ", Revue francaise de science politique, vol. 43 (5), 1993.

51 H. Wallace, " Negotiations and coalition formation in the European Community ", Government and Opposition, 20 (4), autumn 1985.

52 Chr. Lequesne, Paris-Bruxellles. Comment se fait la politique européenne de la France, Paris, Presses de Science Po, 1993; A. Smith, L'Europe politique au miroir du local, Paris, L'Harmattan, 1996.

53 P. Muller, op cit., 1995, p. 14.

54 J. Pressman et A. Wildavsky, Implementation, Los Angeles, University of California Press, 1973.

55 G. Peters, " Agenda-setting in the European-Community ", Journal of European Public Policy, vol. 1 (1), 1994.

56 H. Dumez et A. Jeunemaître, La concurrence en Europe. De nouvelles règles du jeu pour les entreprises, Paris, Seuil, 1991; L. Jourdain, Recherche scientifique et construction européenne, Paris, L'Harmattan, 1995.

57 L. Cram, " The European Commission as a multi-organisation ", Journal of European public policy, vol. 1 (2), 1994. Voir aussi un numéro spécial de la Revue francaise de science politique sur la Commission européenne paru en juin 1996.

58 S. Mazey et J. Richardson, (eds), Lobbying in the European Community, Oxford, Oxford University Press, 1993.

59 Op. cit., 1995, p.14.

60 N. Elias, Qu'est-ce que la sociologie?, La Tour d'Aigues, L'Aube, 1991.

61 Bien entendu, les méthodologies de management public posent des questions de même ordre, comme par exemple la " performance institutionnelle ".

62 B. Jobert, " Le retour tâtonnant de l'Etat ", in F. d'Arcy et L. Rouban (dir.), De la Ve République à l'Europe, hommage à Jean-Louis Quermonne, Paris, Presses de Sciences Po, 1996, p. 318.

63 P. Hassner, " Ni sang ni sol? Crise de l'Europe et dialectique de la territorialité " in B. Badie et M.-C. Smouts (dir.), L'international sans territoire, numéro spécial de Cultures & Conflits, été 1996, p. 118.

64 J. Peterson, " Decision-making in the European Union: towards a framework for analysis ", Journal of European Public Policy, 2 (1), 1995.

65 M. Abélès, En attente d'Europe, Paris, Hachette, 1996.

66 G. Majone, " CEE: déréglementation ou re-réglementation? La conduite des politiques publiques depuis l'Acte Unique " in B. Jobert (dir.), Le tournant néo-libéral, Paris, L'Harmattan, 1994.

67 P. Lascoumes, " Normes juridiques et mise en oeuvre des politiques publiques ", L'Année sociologique, 1990, p. 71.

68 L. Cram, " Calling the tune without paying the piper? Social policy regulation: the role of the Commission in EC social policy ", Policy and Politics, 21 (2), 1993.

69 G. Majone, op. cit., 1994, p. 255.

70 S. Mazey et J. Richardson (eds), op. cit., 1993.

71 E. Négrier, " Intégration européenne et échanges politiques territorialisés ", Pôle sud, n° 3, 1995.

72 P. Muller, " Politiques publiques et citoyenneté en Europe ", contribution aux travaux du groupe CERI-CERAT, dactyl., 1995, p. 4.

73 Ibid, p. 5.

74 J. Leca, " La gouvernance de la France sous la Ve République: une perspective de sociologie comparative ", in F. d'Arcy et L. Rouban, (dir.), op.cit..

75 G. Stoker, " Local governance, a conceptual challenge ", communication aux sessions de l'ECPR, Bordeaux, mai 1995; P. Le Galès, " Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine ", Revue francaise de science politique, vol. 45 (1), 1995.

76 M.-C. Smouts, " Du bon usage de la gouvernance en relations internationales ", à paraître dans la Revue Internationale des Sciences Sociales.

77 P. Durand et J-C. Thoenig, " L'Etat et la gestion publique territoriale ", Revue francaise de science politique, vol. 46 (4), 1996, p. 580.

78 M. Pongy, manuscrit du texte publié in G. Saez, J-Ph. Leresche et M. Bassand (dir.), Gouvernance métropolitaine et transfrontalière: action publique territoriale, Paris, L'Harmattan, 1997.

79 M. Smyrl, " Does EC regional policy empower the regions? ", communication à la Conference of Europeanists, Chicago, mars 1996.

80 G. Marks, " Structural policy in the European Community ", in A. Sbragia, (dir.), Europolitics, Washington, Brookings Institute, 1992; Liesbet Hooghe (ed.), Cohesion Policy and European integration: building multi-level governance, Oxford, Oxford University Press, 1996.

81 Ch. Jeffrey, " The emergence of multi-level governance in the European Union ", à paraître in Politiques et management public, 1997; P. Le Galès et C. Lequesne (dir.), Les paradoxes des régions en Europe, Paris, La Découverte, 1997.

82 J. Leca, op. cit., 1996.

83 Andersen et Eliassen, Op. cit., 1993.

84 Marsh et Rhodes ont pu ainsi noter que " la légitimité des réseaux n'est pas politique. Elle réside dans la prétention d'un acteur à véhiculer une expertise supérieure et/ou de pouvoir fournir un service de manière plus efficace "; D. Marsh & R. Rhodes (eds), Policy networks in British government, Oxford, Clarendon Press, 1992, p. 265.

85 M. Abélès, Jours tranquilles en 89. Ethnologie politique d'un département français, Paris, Odile Jacob, 1989.

86 Une exception étant le livre de Marc Abélès, La vie quotidienne au Parlement européen, Paris, Hachette, 1992.

87 G. Ross, Jacques Delors and European integration, New York, Oxford University Press, 1995; E. Kirchner, op. cit., 1992.

88 Peterson, Op. cit., 1995, pp. 72-76.

89 D. Sidjanski, L'avenir fédéraliste de l'Europe, Paris, PUF, 1992

 

 

Interpréter l'Europe: éléments pour une relance théorique

Christian Lequesne et Andy Smith

Cette conclusion vise deux objectifs. Le premier est de synthétiser les principaux apports des textes de l'ouvrage, en les resituant notamment par rapport à l'état des travaux sur l'Union européenne que nous avons présentés dans notre article introductif. Plus prospectif, le second objectif consiste à proposer une série de pistes de recherche sur un sujet dont les approches scientifiques méritent d'être en permanence remises sur l'ouvrage. Aussi, le parti pris de ce texte est-il de susciter des interrogations sur les questions conceptuelles que pose l'intégration européenne aux politistes en ne perdant toutefois pas de vue la dimension empirique permettant d'y parvenir. En cela, notre démarche se démarque de celle de certains analystes si enthousiastes à l'égard de l'ingénierie institutionnelle de l'Union européenne qu'ils en oublient d'appuyer leurs écrits sur un terrain 1. Bien entendu, la modélisation abstraite a un rôle heuristique en science politique mais elle ne peut en aucun cas devenir une raison d'être dans la mesure ou le politique comme la politique ne se résume jamais à des typologies d'acteurs ou de jeux. C'est du reste cette obsession rationalisatrice de la modélisation qui rend à la fois ambitieuse et limitée une bonne partie de la recherche politiste américaine consacrée à l'intégration européenne. Il est donc clair que nous ne prétendons pas tracer des schémas d'analyse totalement novateurs ou encore moins ériger une nouvelle école. Nous souhaitons simplement mettre en avant les éléments d'une démarche pour étudier l'intégration européenne qui, à moyen terme, pourrait s'avérer plus fructueuse que ce qui se pratique souvent actuellement. Le défi conceptuel reconsidéré Nous profitons des contributions de ce numéro pour revenir sur deux questions esquissées dans l'introduction: l'impact de l'intégration européenne sur les rapports entre action publique et système politique, ainsi que sur les rapports entre économie et politique. Sur ces deux questions, les auteurs de ce numéro sont parvenus à des conclusions différentes et quelquefois même contradictoires. Notre propos n'est pas de trancher en faveur de l'une ou de l'autre thèse mais plutôt de signaler les facteurs conceptuels et empiriques qui peuvent être à l'origine des oppositions observées. Politiques publiques communautaires, changement et légitimité politique Toutes les contributions à ce numéro s'accordent sur un point qui peut, à première vue, paraître élémentaire mais qui est en fait essentiel: l'intégration européenne ne saurait se résumer aux institutions et aux politiques (au sens de policies) communautaires. Les premières œuvrent dans un environnement politique tellement imbriqué avec les institutions nationales, infranationales et transnationales que leur capacité autonome à " construire l'Europe " est relativement faible. De la même façon, les politiques publiques communautaires sont difficiles à isoler de leurs équivalents étatiques et locaux. Aussi la double question " que change? " l'action publique communautaire et " comment cela change? " se pose-t-elle avec une acuité particulière. Les auteurs de ce numéro ont répondu à la première interrogation en se démarquant des approches sur les politiques communautaires qui prévalent souvent en Europe et aux Etats-Unis 2. Il y a en effet un consensus dans ce numéro sur le fait que, du moins pour un politiste, les politiques publiques ne doivent pas être étudiées en tant que telles mais comme des composants de configurations spécifiques de l'action publique ou encore de modèles politiques. De manière plus ou moins explicite, chaque contributeur a ainsi développé une analyse portant sur le rapport entre les évolutions d'une politique publique particulière et ce que Max Weber a nommé les " ordres légitimes de pouvoir " 3. Autrement dit, les auteurs ont évité de se noyer dans le détail des dispositifs réglementaires ou redistributifs gérés par l'Union européenne pour étudier les manières dont ceux-ci modifient, déstabilisent voire bouleversent les ordres politiques établis. Ce consensus sur les manières d'aborder le " que change l'action publique communautaire? " s'étiole toutefois, dès lors que l'on aborde la question du " comment?. En schématisant, deux positions sont en présence. La première est celle du changement par apprentissage. M. Pongy d'une part, S. Rouault et P. Muller d'autre part, considèrent que l'intégration européenne implique un apprentissage collectif des acteurs via la constitution de réseaux de médiation. Dans sa contribution sur la crise des services publics en France, Luc Rouban oppose au contraire une analyse selon laquelle les notions d'apprentissage ou de convergence éluderaient la question du changement. Pour L. Rouban, le rapport entre intégration européenne et changement des services publics en France ne peut s'analyser qu'en termes de rupture ou encore de passage d'un modèle institutionnel à un autre par seuils qualitatifs. Il est évident que cette question du changement par apprentissage ou par rupture ne saurait être tranchée une fois pour toutes pour l'ensemble de l'action publique. Chacune des deux formes existe en fonction de l'imbrication plus ou moins grande de la politique en question avec les dispositifs du marché, de la nature des acteurs institutionnels impliqués, et aussi de la manière dont le regard scientifique prend en compte le facteur temps. Références au marché et au secteur privé Nombreuses sont les recherches qui, au début des années quatre vingt dix, ont souligné que l'intégration européenne était dominée par une norme de marché qui irriguait progressivement les systèmes nationaux et locaux de politiques publiques 4. Plusieurs contributions à ce numéro mettent cependant en cause et/ou reformulent l'idée selon laquelle l'Union européenne serait une simple construction économique sans lien avec le politique. Deux exemples fournissent l'occasion de le discuter directement: ce que L. Rouban appelle la " déréglementation contrôlée " et Laurence Jourdain dans son chapitre, " l'importation " d'une technique de management: l'évaluation. Le premier exemple a le grand mérite de montrer que l'analyse n'est plus au stade d'une opposition tranchée entre le marché unique et une politique industrielle européenne. Au contraire, L. Rouban montre les implications conceptuelles de la fin de l'institution de service public en France et de ses équivalents dans d'autre pays. En cela, il problématise la question de la dé- ou de la re-réglementation par rapport aux modèles de politiques publiques. Toutefois, contrôle-t-on vraiment la recomposition de la réglementation au niveau européen? Le schéma d'analyse de G. Majone est en ce sens séduisant 5, mais qu'est-ce qui le distingue de la gouvernance dite néo-libérale? L. Rouban n'aborde pas cette question de front qui mérite pourtant d'être posée en termes de " gouverne-t-on l'économie européenne?". La référence à l'évaluation montre que l'influence du privé sur le système politique européen peut être plus subtile. En règle générale, les aides européennes aux régions défavorisées ou à la recherche se font plutôt sur la base de lignes budgétaires qui sont connectées entre elles de manière a posteriori. Dans ce contexte, il n'est guère surprenant que l'évaluation de tels dispositifs administratifs donne rarement lieu à des débats, voire à des décisions politiques. Au final, ces axes d'analyse nous ramènent immanquablement à des questions de fond posées par la science politique. Dans cette perspective, le chapitre de M. Abélès nous fournit un contrepoint stimulant en posant la question: " y-a-t-il à proprement parler un système communautaire? [...] Au chercheur, la construction communautaire pose un intéressant problème, celui d'un modèle d'incertitude qui n'est nullement incompatible avec l'existence d'institutions et de politiques dont la solidité apparaît incontestable ". A partir de ce constat, M. Abélès développe une analyse anthropologique de " la co-présence permanente dans la sphère communautaire de l'actualité immédiate et du projet non encore réalisé ". C'est bel et bien autour de cette idée du temps et de l'inachèvement que nous poursuivons cette conclusion en vue d'esquisser quelques priorités de recherche. Intégration européenne, ordre politique et lien social: un agenda de recherche L'ambition d'un tel exercice est évidemment grande. Elle l'est d'autant plus que, comme cela a déjà été dit, nous croyons que l'étude de l'intégration européenne ne peut pas être séparée d'une réflexion globale sur les sciences sociales. Si le chemin est long, un certain nombre de chercheurs sont heureusement déjà partis en éclaireurs 6. Institutions, action publique et pouvoir Les questions que se pose le " nouvel institutionnalisme " 7 ne sont finalement pas très différentes de celles que se posait déjà, au début du siècle, le juriste français M. Hauriou sur les institutions porteuses d'une idée d'oeuvre, mettant au service de cet objectif un pouvoir organisé et devant recueillir le consentement des citoyens 8. En combinant cette tradition française aux récents travaux de chercheurs britanniques et américains (comme S. Bulmer 9), des questions stimulantes sur les processus d'institutionnalisation au sein de l'Union européenne méritent encore d'être posées. Dans cette perspective, trois champs peuvent être l'objet d'un investissement théorique et empirique. Il conviendrait tout d'abord de réfléchir davantage à la manière dont les institutions communautaires délimitent les modèles institutionnels sectoriels. Il serait ensuite nécessaire de développer des études sur les pratiques politiques au sein des institutions communautaires, car on connaît finalement peu la nature des échanges internes aux commissaires et à leurs cabinets, au secrétariat général du Conseil de l'Union, et plus encore aux membres de la Cour de Justice. Il faudrait enfin s'interroger plus en détails, sur l'influence exercée par des institutions qui restent essentiellement nationales, comme le patronat et les syndicats, sur les configurations de pouvoir en Europe 10. Polycentrisme, légitimation et représentation politique L'intégration européenne implique également de réfléchir à la conceptualisation du fameux " déficit démocratique " en remettant en question les théories dominantes de la représentation politique. Les trois carences évoquées par B. Jobert à propos de l'Etat-Nation 11 - implication, imputation et interprétation - peuvent constituer un excellent point de départ. L'implication nécessite de revenir absolument sur la question de la représentation des intérêts. Si l'on dispose maintenant d'études très détaillées sur les relations organiques des groupes intérêts avec les institutions nationales et européennes 12, force est de constater l'absence de véritables travaux sur les effets de ces groupes sur les modèles nationaux et locaux de représentation. Il convient ensuite d'approfondir les problèmes spécifiques posés par un système politique qui est résolument tourné vers la résolution des problèmes " problem solving ". Dans un tel système, les intérêts sociaux sont rarement en phase avec la temporalité et ont dès lors tendance à être déconnectés de la définition de ce qui " pose problème ". L'imputation pose le problème de " qui gouverne? " dans un système politique où la concurrence politique rime souvent avec la dilution de la responsabilité (accountability) et porte atteinte à l'image des représentants politiques comme " gouvernants " 13. Elle renvoie en outre à une interrogation sur la prégnance du modèle de l'Etat centralisé, l'imputation étant conceptualisée autrement dans les pays plus habitués au polycentrisme politique. L'interprétation exige des travaux que certains qualifieraient de relevant de la culture politique 14 ou de l'" analyse sociétale " 15. Trois axes d'études s'inscrivant dans cette perspective mériteraient d'être développés en particulier. Le premier concerne la dimension symbolique de l'intégration européenne. Si des études récentes nous éclairent sur la difficile émergence des symboles au niveau européen 16, il demeure la question: comment saisir les effets de cette faiblesse symbolique " dans l'action "? A notre avis, un moyen consiste à prendre au sérieux l'évocation comme activité politique 17, c'est à dire la manière dont les acteurs se mettent en scène en vue d'exercer un rôle. Les second et troisième axes concernent autant les interprètes que l'activité d'interprétation. Quels sont les rapports entre le système politique communautaire et ces courroies de transmission des débats publics que sont les médias et qui paraissent souvent enfermés dans une représentation " gladiatorienne " de l'Union européenne où s'affrontent les Etats et la Commission? On regrette souvent la faiblesse ou le caractère élitiste des médias européens comme " Arte " ou " Euronews " alors qu'il conviendrait de s'interroger surtout sur le peu de traitement accordé aux enjeux européens par les médias nationaux et locaux. Ce dernier point démontre l'importance d'une réflexion sur la lisibilité des politiques communautaires qui dépasse la simple problématique de la complexité des politiques publiques. C'est autour du triptyque " entendre, comprendre, saisir " que l'on doit essayer de réfléchir au rapport entre l'interprétation de l'intégration européenne et sa légitimation. Les origines de ce que M. Abélès a appelé " l'Europe lointaine " 18 sont à rechercher également davantage dans la pratique des institutions communautaires elles-mêmes. A un premier niveau, ce sont les institutions formelles qui se trouvent ébranlées au niveau national par une dynamique qui suscite une série de réactions - adaptation, protestation, reconversion - rendant les brouillages plus épais au lieu de les réduire. A un niveau plus profond, c'est la manière dont on conceptualise la politique contemporaine qui est en question. Comment saisir en effet le partage des pouvoirs au sein de l'Union européenne, si l'on s'accroche à une conception de la souveraineté exprimée en termes de hiérarchies indépendantes et verticales? Comment comprendre la diversité des modes de mise en œuvre des politiques communautaires, si l'on s'enferme dans une analyse de la transposition des règlements et des directives communautaires? Des institutions formelles, il est indispensable de passer à l'analyse des institutions sociales qui structurent " les espaces de sens discursifs " 19 au sein desquels l'action publique prend place. C'est surtout la Commission européenne qui, jusqu'à présent, a fait l'objet d'études dans cette perspective. M. Abélès et I. Bellier nous ont offert une entrée en matière salutaire. Dans un article portant sur " les manières de faire et de penser " au sein de la Commission européenne 20, ils ont développé la thèse selon laquelle la Commission est un " compromis culturel " qui " engendre dans le champ d'action de cette institution une " culture du compromis " marquée par des orientations et des concepts qui conjuguent plus ou moins heureusement des traditions parfois très différentes " 21. De la généralisation de la négociation structurant ce système découlent des " concepts de compromis " qui renforcent la " bizarrerie communautaire " 22. Pour approfondir cette analyse, il serait utile d'étudier le refoulement par de nombreux commissaires, parlementaires et ministres européens de leur rôle de représentant de l'Europe. Au final, il ressort sans surprise l'impérative nécessité de préciser le questionnement de l'analyse de la politique contemporaine avec certaines interrogations pérennes des sciences sociales. Espérons que tous ceux qui s'intéressent à l'intégration européenne sont prêts à faire, ou à refaire, ce voyage!


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