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Lorsqu'un mot arrive à ne plus avoir une motivation claire, le collectif qui parle la langue donnée tend inconsciemment à rétablir le lien interrompu, en cherchant des explications du sens par des associations erronées, avec d'autres mots, qui le plus souvent n’ont rien à voir avec les premiers. II en résulte des altérations de la forme phonétique et morphologique du mot. Ce phénomène est connu sous le nom de fausse étymologie ou étymologie populaire.

Ainsi, on attribue parfois à un mot une étymologie qui ne lui appartient pas en réalité. Par exemple, l'expression "faire bonne chère" avait autrefois le sens de "faife bon visage", car le mot chère dérive du grec "kara", qui signifie "visage". Ce mot fut confondu arec chair, du latin carnem ("viande"), de sorte que toute l'expression fut comprise comme «faire un bon repas».

Il y avait autrefois aux environs de Paris un château nommé "château de Vauvert", qu'on croyait être habité par des fantômes; aussi disait-on «au diable de Vauvert» ou «au diable Vauvert». Après la disparition du château, on a conservé l’expression "au diable vauvert" dans le sens de "très loin", "si loin qu'on n’en revient plus». Quand le nom même du château fut oublié, cette expression est devenue dans le langage populaire au diable au vert ou, tout simplement, au diable vert. Elle est donc comprise par rapprochement au mot vert.

Sous 1’influence de l'étymologie populaire, les mots peuvent changer d'aspect phonique ou d'ortographe. Ainsi, le mot latin laudanum (médicament à base d'opium), en passant dans le français populaire est devenu lait d'ânon. L'adjectif souffreteux signifiait à l'origine "qui est dans le dénûment", étant dérivé de l'ancien nom soufraite ("disette», "privation»). Par analogie avec les mots souffrir et souffrance son orthographe a été modifiée, et il a aujourd'hui le sens de "qui est habituellment souffrant", "chétif".

Quelquefois les linguistes eux-mêmes se sont trompés sur l'étymologie de certains mots. On a longtemps cru que le mot p oids dérive de pondus; en réalité il provient de pensum, donc son orthographe avec d n'a aucune justification.

 

 

§5. Le mot et la notion

 

II y a un lien indissoluble entre la pensée de l'homme et la langue que les idées n'existent pas en dehors de la langue. A la base de la pensée humaine sont les notions, qui s'expriment par des mots; les notions se combinent en jugements, qui sont exprimés par des combinaisons de mots, des propositions. Il en résulte que la notion (catégorie logique) et le mot (catégorie linguistique), c'est-à-dire la pensée et la langue, constituent une unité dialectique. Tout mot généralise. En effet, du contact de l'nomme avec la réalité, par les sensations, les perceptions et les représentations, il résulte leur généralisation théorique sous la forme des notions et des jugements, généralisation qui s'exprime par des mots et des propositions.

Les notions peuvent être scientifiques et coutumières. Les notions scientifiques reflètent les propriétés essentielles et distinctives des objets et des phénomènes et s’expriment par des mots appartenant aux diverses terminologies, qui se caractérisent par une extrême précision.

Les notions coutumières bien qu'elles reflètent aussi des propriétés essentielles des objets et des phénomènes, nexigent pas une expression si précise et si complète. Puisque dans sa vie courante l'homme a surtout affaire à des notions coutumières, ce sont les mots exprimant ces notions qui constituent la plus grande partie du vocabulaire.

Les notions peuvent être aussi réelles ou irréelles. Les notion réelles sont des généralisations des propriétés des objets et des phénomènes de la vie objective; telles sont: soleil, homme, matière, société, etc. Les notionsirréelles sont aussi des généralisations abstraites, mais elles ne reflètent pas des objets ou des phénomènes existants; telles sont ange, paradis,centaure, fantôme, etc; pourtant elles sont liées à la réalité par ce qu'elles représentent la combinaison arbitraire des fragments réels. La religion a eu un grand rôle dans la création de ces notions, qu'elle présentait comme réelles.

 

§ 6. Les fonctions des mots

La plupart des mots expriment des notions: c'est leur fonction rationnelle.

Cette faculté est étroitement liée à celle de nommer les objets: c'est la fonction nominative des mots.

Certains mots ont la faculté de montrer les sentiments de l'homme et son attitude envers la réalité: ce sont des mots à fonction expressive.

Le plus souvent les mots ont la faculté de remplir deux fonctions en même temps. Ainsi, les fonctions nominative et expressive appartiennent à la plupart des mots autonomes,entre autres à ceux qui désignent des notions dites uniques, comme les noms propres des lieux géographiques (France, Paris, Seine, Alpes) ou des objets uniques (soleil, terre, lune). Les fonctions rationnelle et expressive sont remplies par des mots comme gamin, soudard, haridelle, piocher (comparer ces mots à leurs apparentés: garçon, soldat, cheval, apprendre).

Les noms propres de personnes et d'animaux n'expriment pas des notions, leur fonction étant uniquement de nommer (fonction nominative): Pierre, Marie. Médor, Minouche. Il en est de même pour certains pronoms, comme: " Chacun parlera à son tour", " Celui-ci est venu, l’ autre est en retard".

Les interjections ont uniquement la fonction expressive: Hélas!Bravo! Fi! Les mots non-amtonomes n'exercent pas ces fonctions, leur rôle étant d'exprimer soit les rapports entre les fonctions et les jugements (prépositions, conjonctions,
pronoms relatifs, verbes auxiliaires), soit de préciser et déterminer les notions (articles, adjectifs possessifs et démonstratifs).

Il y a enfin les termes modaux qui n'expriment ni des notions ni des rapports, mais l'attitude envers ce qu'on dit ou on entend: évidemment, probablement, peut-être, n’importe.

§ 7. Caractéristiques phonetiques du mot

Dans la plupart des langues, les mots de la chaîne parlée sont généralement marqués de l'accent tonique. Il en est autrement pour le français, où seulement les mots isolés ont l'accent tonique sur la dernière syllabe prononcée. Dans le parler courant, où les mots, sont liés les uns aux autres, ils perdent leurs accents toniques propres et se rallient en groupes significatifs appelés groupes rythmiques. Ceux-ci ont un seul accent tonique, qui tombe sur la dernière syllabe du dernier mot. Par exemple:

Vous vo ulez. Voulez-vous e ntrer? Cela dura ain si ' pendant deux ans.

L'accent n'appartient donc pas au mot, mais au groupe, et un mot donné le porte ou ne le porte pas, suivant la place qu'il occupe dans le groupe rythmique:

 

Vous a ves. - Avez- vous? Nous a vons. - Nous avons eu.

Un lieute nant. - Un lieutenant-colo nel.

 

Dans la phrase, plusieurs groupes rythmiques peuvent être liés par le sens en groupes plus grands, appelés groupes de souffle, qui conservent tous les accents des groupes rythmiques, mais avec un renforcement du dernier; par exemple:

Comme j’étais a lors ‘ très frêle et mala dif " mes pa rents ‘ n'avaient pas vou lu m’envoyer à l'é co le.

Ce groupement des mots en unités rythmiques se reflète dans des phénomènes caractéristiques pour la langue française. Ce sont:

· La liaison: Dans le groupe rythmique, les consonnes finales ordinairement muettes se prononcent si elles sont suivies d'un mot qui commence par une voyelle ou par h muet:

le pe tit en fant les hom mes.

· L’ enchaînement: Les différents mots qui se suivent font un courant continuel, si étroitement unis l'un à l'autre, qu’il n'est pas rare qu'une syllabe soit constituée de la fin d'un mot et le commencement d'un autre; par exemple:

A cet te ép o que ' il avai t' en co re ' un air ’as s ez in telligent.

En général, toute consonne intervocalique, ou devenue intervocalique dans la phrase, appartient à la même syllabe que la voyelle qui suit. C'est ce qu'on appelle enchaînement. On voit, dans l'exemple donné, que l'enchaînement se fait non seulement à l'intérieur du groupe rythmique, mais aussi entre ces groupes.

· L’ enchaînement vocalique: C'est une variété de l'enchaînement proprement dit qui résulte aussi de l'union étroite entre les mots parlés. Lorsqu'à la fin d'un mot et au commencement du suivant il y a la même voyelle, le passage d'un mot à l'autre se fait sans arrêt dans la vibration des cordes vocales:

 

"Ai nsi i l parl a à ses amis".

 

Ces particularités de l'accentuation française ont eu pour résultat la modifica-tion de l'aspect phonique de certains mots. Les uns se sont soudés avec les mots qui les précédaient, particulièrement avec l'article défini:

 

lat.: hedera anc.fr.: ierre, 1'ierre fr.mod.: le lierre
uva
, uvitta (lat.pop.) uette, l'uettela luette

endemain, l'endemainle lendemain

 

D'autres mots, au contraire, ont perdu la première syllabe:

ma amie m’amie ma mie

§ 8. Caractéristiques grammaticales du mot

Bien qu'ils soient les unités fondamentales de la langue, les mots, en tant que porteurs de diverses significations et nuances, ne peuvent remplir leur fonction d'exprimer des idées et des jugements qu'en se groupant en propositions, d'après les règles grammaticales. Groupés en propositions, les mots autonomes ont le rôle de différents termes de proposition (sujet, verbe, complément, etc.) et les mots non-autonomes établissent des rapports différents entre les parties de la proposition. Cette faculté de se grouper en propositions pour exprimer des jugements constitue une des caractéristique grammaticales du mot.

Une autre particularité du mot consiste en ce qu'il appartient à une des parties du discours (nom, adjectif, verbe, etc.), c'est-à-dire à une catégorie grammaticale. Mais il faut observer qu'il y a une liaison étroite entre les parties du discours et les significations lexicales: les noms désignent des objets ou des phénomènes, les verbes expriment des actions ou des états, les adjectifs indiquent des qualités,etc. C'est la raison pour laquelle il faut considérer que les parties du discours ne sont pas des catégories uniquement grammaticales, mais lexico-grammaticales.

La grammaire étudie aussi la structure morphologique du mot. Les mots-outils constituent en général un tout indivisible, mais la plupart des mots-autonomes sont constitués de plusieurs parties.

Il y a d'abord la racine ou le radical. Parmi les mots autonomes il y en a qui sont formés de la simple racine,comme: ciel, femme, oiseau, cher.

A la racine on peut joindre un ou plusieurs affixes (préfixes, suffixes) et une terminaison (ou désinence). La racine avec les affixes porte le nom de thème. La racine et le thème renferment la signification lexicale du mot, la terminaison en porte le sens grammatical. Par exemple, dans le mot introuvables il y a: le thème introuvable (formé du préfixe in-, du radical trouv - et du suffixe - able) et la désinence s.

Les affixes modifient la signification du radical (dire - redire, colenne-colonnette), mais peuvent lui porter aussi des sens grammaticaux: tantôt ils font passer les mots d'une partie du discours à une autre (rouge-rougeur, clair-clairement, admirer-admiration-admirable), tantôt ils indiquent une catégorie grammaticale; par exemple, les suffixes des noms ont pour rôle accessoire de marquer le genre: -et, - ment, -age font des noms masculins; - ation, -ance, -ence, -ade, - , -ure forment des noms féminins.

Les radicaux, les thèmes, les affixes et les désinences sont dès morphèmes. Ce qui vient d’être dit prouve que les morphèmes peuvent être porteurs de significations de caractère différent:

a) les radicaux et les thèmes ont des significations d'ordre lexical;

b) les désinences ont des significations grammaticales;

c) les affixes ont des significations lexico-grammaticales.

 

Entre les mots et les morphèmes il y a plusieurs différences:

-les morphèmes ne possèdent pas de fonction nominative,c'est-à-dire ils ne peuvent pas nommer les objets;

-les morphèmes ne peuvent pas exister isolément,en dehors du mot, ils constituent toujours une partie organique du mot;

-les morphèmes sont les plus petites unités lexico-grammaticales,donc on ne peut pas les décomposer sans perte de sens.

Pourtant, les mots et les morphèmes ont quelque chose de commun, à savoir ils ont des significations lexicales. C'est pourquoi il est difficile de tracer une limite précise entre eux.

Il est également difficile d'établir des limites entre les différents mots qui constituent une phrase. Les espaces entre les mots écrits ne correspondent pas toujours à la réalité et les anciens Grecs écrivaient sans espaces entre les mots. Si les affixes s'écrivent reliés aux radicaux, ne s’employant jamais seuls, pourquoi écrit-on comme des mots isolés les prépositions, les conjonctions, les articles, les pronoms personnels atones qui, eux aussi, ne s'emploient jamais seuls? Pourquoi n'écrit-on pas "re prendre", "admirable ment", ou bien "jeprends", "lelivre", etc.?

De plus, il y a, d'une part, des mots identiques quant à l'aspect graphique et phonique, mais qui n'ont rien de commun quant à la signification, comme "la porte" et "je porte"; d'autre part» des formes différentes du'même mots: avoir, j'ai, il a eu, ils ont, il aura, nous eûmes, etc.

On recontre parfois les mêmes difficultés à établir les limites entre le mot et le groupement de mots. Les mots simples ou mots-racines et les mots formés par l'adjonction des affixes se laissent aisément distinguer dès groupes de mots. La distinction est plus difficile quant il s'agit des mots composés qui, par leur structure, se rapprochent des groupes de mots. Les linguistes soviétiques ont démontré que le mot est caractérisé par une intégrité sémantique et formelle. Cependant le groupe de mots, qui a la faculté d'exprimer une notion, possède lui aussi une intégrité sémantique. Quant à l'intégrité formelle, celle-ci appartient en propre aux mots et peut servir de véritable caractère distinctif.

Chapitre III. Le fonds essentiel de la langue française

§9. Fonds essentiel et contenu general

Nous avons déjà montré que les mots d'une langue jouent un rôle différent pour la société. Les uns sont utiles à la vie de tous les jours,sont d'usage courant parmi tous les membres du collectif parlant une langue donnée; ils constituent ce qu'on appelle le fonds essentiel ou le fonds usuel de la langue. D’autres mots ont une extension moins grande et ne servent principalement que quelque groupe particulier, la population d'une région déterminée ou une couche sociale quelconque; c'est le contenu général ou la masse du vocabulaire.

L’important dans le vocabulaire c'est son fonds essentiel, qui est moins étendu que le lexique en général, mais qui vit très longtemps et fournit la base de l'enrichissement de la langue. Il comprend premièrement tous les mots autonomes, c'est-à-dire les mots qui expriment des notions, objets phénomènes d'importance vitale et actuelle, qui sont constamment employés dans des couches sociales différentes et dans la plupart des régions, mots sans lesquels la langue ne pourrait remplir son rôle de moyen de communication entre les hommes. Le fonds essentiel comprend aussi les mots-outils ou non-autonomes qui ont reçu un emploi commun et durable chez le peuple, ce sont les articles, les pronoms, les verbes auxiliaires, les prépositions, etc.

Les mots qui n'entrent pas dans le fonds essentiel sont assez nombreux, mais leur circulation est limitée. Tels sont:

a) Les mots dialectaux, qu'on ne rencontre guère que dans les régions où l'on parle ces dialectes. Par exemple, le mot airelle, employé dans les régions du Massif Central, désigne un arbrisseau des montagnes (roum. "afin"); alios, en Gascogne, désigne une espèce de grès; au Sud-Est, 1’adret c'est le versant d'une vallée exposé au soleil, l'ubac c'est le versant opposé.

Les mots dialectaux peuvent être trouvés aussi dans les oeuvres littéraires qui se rapportent à une certaine région. Ainsi, dans ses romans consacrés à la vie des paysans du Berry, G.Sand emploie des dialectismes comme tabouler (gronder), ouche (verger), détencer (faire perdre son temps), grélet (grillon), chévril (petit chevreau), mandrer (diminuer), écurieux (écureuil), devanteux (tablier) et beaucoup d'autres. De même, A. Daudet reproduit le parler des habitants du Midi, Maupassant celui de la Normandie.

1) Les mots des patois, qui sont propres à des régions encore plus limitées, à l'intérieur d'un dialecte.. Beaucoup de ces mots sont en voie de disparition et ceux qui existent encore ont un emploi surtout oral. Le développement des techniques, les communications plus faciles et plus variées, l'instruction généralisée - tout contribue à la disparition des patois au profit de la langue commune. Ceux même qui parlent encore en patois connaissent également la langue commune et s'en servent dans leurs communications avec l'extérieur de leur région.

2) Les mots des "argots", c'est-à-dire les vocabulaires spéciaux de certains groupements artificiels dont l'existence est plus ou moins séparée de celle de la nation: l'armée, la marine, les grandes écoles (l'École Polytechnique, l'Ecole de Saint-Cyr, l'École Normale), etc. Par définition, un tel vocabulaire ne sert qu'en des occasions très limitées, puisque ceux qui l'emploient appartiennent, en même temps qu'à leur petit cercle, à des groupements plus étendus, où ils doivent tout naturellement recourir au langage commun du pays. A l'origine l'argot était le langage des mendiants, puis celui des voleurs, de tous ceux qui, vivant presque constamment en marge de la société, avaient été amenés à se constituer un vocabulaire qui leur permît de se communiquer leurs projets sans être compris de ceux qui les entouraient. À la base des argots modernes il y a surtout le désir de se singulariser, qui se manifeste non seulement dans le langage, mais aussi dans l'habillement, dans les gestes, etc.

- Les mots de la langue populaire, de la langue familière et de la langue vulgaire; ces derniers surtout, malgré leur circulation orale assez étendue, ne sont que des exceptions dans la langue écrite. La langue populaire occupe une place à part entre les autres, parce qu'elle a non seulement un vocabulaire assez riche, mais aussi des particularités de syntaxe, de morphologie et même de prononciation.

- Les mots qui constituent les diverses terminologies scientifiques et techniques. Les applications des sciences dans la vie de tous les jours rendent familiers certains termes scientifiques et techniques, cependant la plupart de ces mots demeurent dans le cercle des initiés et ne peuvent donc pas entrer dans le fonds essentiel de la langue;

- Les langues spéciales des différents métiers et professions. Parmi les plus caractéristiques sont les langages juridique, médical et administratif, souvent si incompréhensibles aux masses populaires qu'ils se prêtent à des quiproquos et à des plaisanteries.

 

§10. La valeur formative du fonds essentiel

Le linguiste russe V.V. Vinogradov donne l'interprétation développée du fonds essentiel comme il suit: "Le fonds essentiel c'est la base lexico-sémantique formative stable, mais susceptible d'être influencée par le développement historique du vocabulaire. "

Cette définition fait ressortir trois aspects importants du fonds essentiel: sa valeur formative, son caractère stable et sa capacité de se développer.

Il faut ajouter que les éléments formatifs dans le système d'une langue sont étroitement liés aux catégories grammaticales: d'une part, les catégories grammaticales s'enrichissent et se différencient à l'aide des diverses espèces de phénomènes formatifs (question qui sera étudiée dans le paragraphe sur la "conversion"); d'autre part, certaines catégories grammaticales donnent lieu à des différenciations sémantiques à tel point, qu'il en provient des mots nouveaux.

Ainsi, l'article peut donner lieu à des divisions qui deviennent des moyens de formation des mots. Par exemple, la beauté signifie "harmonie physique, morale ou artistique qui inspire l'admiration et le plaisir", tandis que une beauté peut signifier "une femme très belle".

Une autre catégorie grammaticale qui peut donner lieu à des différenciations sémantiques est le nombre. E n général les noms abstraits n'ont pas de pluriel, mais lorsqu'on les met toutefois au pluriel ils ont des significations nouvelles. Par, exemple, la bonté, la civilité, 1 ’attention, l' honneur, étc., indiquent des qualités; mais au pluriel ces mots indiquent des manifestations concrète de ces qualités: actes de bienveillance, d'attention, etc., comme dans la phrase: "Elle avait pour moi des attentions touchante".

De même, la peinture, la sculpture, la céramique sont des noms abstraits, désignant des arts, mais les peintures, les sculptures, les céramiques sont des oeuvres d'art. Même question pour certains noms de substances: le marbre, le bronze, le cuivre; les marbres, les bronzes signifient "les statues de marbre", "les objets en bronze", les cuivres c'est un terme de musique signifiant "les instruments de cuivre", comme dans l'exemple: "Brusquement éclata 1e fracas des cuivres: la fanfare attaquait la Marseillaise".

 

§11. Le caractère stable du fonds essentiel

 

Le caractère stable du fonds essentiel est prouvé par l'existence dans le français contemporain d'un grand nombre de mots qui remontent à un passé très reculé, avant la conquête romaine: ce sont les mots d'origine celtique. D'autres mots sont entrés dans la langue aux époques de la domination romaine et des invasions germaniques. Bien que le vocabulaire soit la partie la plus fluide de la langue, la plus sensible aux divers changements produits dans la société, il y a dans le français moderne un grand nombre de mots anciens, mots provenant du celtique, du latin populaire, des langues germaniques, aussi bien que des mots d'autres origines, empruntés par le latin aux peuples avec lesquels Rome avait établi des relations.

 

§12. L’enrichissement graduel du fonds essentiel

L'enrichissement graduel du fonds essentiel est un autre phénomène. Le fonds essentiel n'est que relativement stable, car, dans son ensemble, il est soumis à un enrichissement continuel. Cet enrichissement s'effectue par différentes voies, qui seront étudiées dans un des chapitres suivants.

Les conditions principales qui contribuent à l'élargissèment du fonds essentiel sont; l'usage courant, les progrès des sciences et de la technique et l'activité des écrivains.

1) Les mots acquièrent une grande diffusion s'ils entrent dans l'usage courant, c'est-à-dire s'ils désignent des notions qui font l'objet des préoccupations continuelles des masses. Ainsi, sous nos yeux, à la suite de l'activité criminelle des bandas ultra-colonialistes, le nom d'une substance explosive, le plastic est de circulation générale en France et a donné une série de dérivés: plastiquer, plastiqueur, plastiquage; le temps décidera si ces mots auront aussi de la stabilité dans la langue. Parmi les mots qui désignent des parties du corps humain, il y en a qui sont entrés dans le fonds essentiel: poitrine,épaule, cou, main, oeil, etc.; d'autres, qui jouent un rôle moins évident dans l'activité journalière des hommes, restent en dehors du fonds essentiel, constituant des termes de spécialité, bien qu'ils aient aussi une importance vitale pour l’organisme: lombes, épigastre, rachis, péritoine, hypochondre, épiploon, etc.

2) L'essor des sciences et de la technique a fait paraître un grand nombre de notions nouvelles dans tous les domaines. Aussi a-t-on vu apparaître beaucoup de termes nouveaux, désignant des disciplines, des appareils, des substances, des actions, etc. Ici encore l'usage courant se fait sentir: il y a des mots qui demeurent dans un cercle restreint; de connaisseurs (cybernétique, semi-conducteur, cyclotron, métabolisme, etc.), d'autres qui acquièrent tout d'un coup une grande popularité: pénicilline, cosmonautique, cinémascope et beaucoup d'autres.


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