ÀâòîÀâòîìàòèçàöèÿÀðõèòåêòóðàÀñòðîíîìèÿÀóäèòÁèîëîãèÿÁóõãàëòåðèÿÂîåííîå äåëîÃåíåòèêàÃåîãðàôèÿÃåîëîãèÿÃîñóäàðñòâîÄîìÄðóãîåÆóðíàëèñòèêà è ÑÌÈÈçîáðåòàòåëüñòâîÈíîñòðàííûå ÿçûêèÈíôîðìàòèêàÈñêóññòâîÈñòîðèÿÊîìïüþòåðûÊóëèíàðèÿÊóëüòóðàËåêñèêîëîãèÿËèòåðàòóðàËîãèêàÌàðêåòèíãÌàòåìàòèêàÌàøèíîñòðîåíèåÌåäèöèíàÌåíåäæìåíòÌåòàëëû è ÑâàðêàÌåõàíèêàÌóçûêàÍàñåëåíèåÎáðàçîâàíèåÎõðàíà áåçîïàñíîñòè æèçíèÎõðàíà ÒðóäàÏåäàãîãèêàÏîëèòèêàÏðàâîÏðèáîðîñòðîåíèåÏðîãðàììèðîâàíèåÏðîèçâîäñòâîÏðîìûøëåííîñòüÏñèõîëîãèÿÐàäèîÐåãèëèÿÑâÿçüÑîöèîëîãèÿÑïîðòÑòàíäàðòèçàöèÿÑòðîèòåëüñòâîÒåõíîëîãèèÒîðãîâëÿÒóðèçìÔèçèêàÔèçèîëîãèÿÔèëîñîôèÿÔèíàíñûÕèìèÿÕîçÿéñòâîÖåííîîáðàçîâàíèå×åð÷åíèåÝêîëîãèÿÝêîíîìåòðèêàÝêîíîìèêàÝëåêòðîíèêàÞðèñïóíäåíêöèÿ

Òåîðåòè÷åñêèé ìàòåðèàë êóðñà 6 ñòðàíèöà

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  2. DER JAMMERWOCH 1 ñòðàíèöà
  3. DER JAMMERWOCH 10 ñòðàíèöà
  4. DER JAMMERWOCH 2 ñòðàíèöà
  5. DER JAMMERWOCH 3 ñòðàíèöà
  6. DER JAMMERWOCH 4 ñòðàíèöà
  7. DER JAMMERWOCH 5 ñòðàíèöà
  8. DER JAMMERWOCH 6 ñòðàíèöà
  9. DER JAMMERWOCH 7 ñòðàíèöà
  10. DER JAMMERWOCH 8 ñòðàíèöà
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  12. GG ÄÐÓÃÈÅ ÎÒÕÎÄÛ, ÑÎÄÅÐÆÀÙÈÅ Â ÎÑÍÎÂÍÎÌ ÍÅÎÃÐÀÍÈ×ÅÑÊÈÅ ÊÎÌÏÎÍÅÍÒÛ, ÊÎÒÎÐÛÅ ÌÎÃÓÒ ÑÎÄÅÐÆÀÒÜ ÌÅÒÀËËÛ È ÎÐÃÀÍÈ×ÅÑÊÈÅ ÌÀÒÅÐÈÀËÛ

Le français a emprunté à l'anglais des termes politiques, concernant surtout le système parlementaire: vote, budget, club, bill, comité, corporation, jury, opposition, parlement, reporter, motion, message, coalition, session.

La langue française s’est enrichie aussi d'un grand nombre de termes techniques et industriels d'origine anglaise: tender, wagon, tunnel, express, cargo, paquebot, pick-up, pipe - line, drift, dock, trolley.

Le vocabulaire cinématographique est particulièrement riche en termes anglais: film, studio, traveling, perchman, cameraman, clackman, script-girl. De même, les deux sportifs anglais se sont répandus en France avec la terminologie correspondante: sport, rugby, basket-bail, boxe, jockey, tourisme, start, sprint, finish, derby, match,record, chalenge, handicap, score.

Les mots empruntés depuis longtemps ont été assimilés par la langue française: ils ont perdu leur aspect étranger pour s’adapter aux règles phonétiques et orthographiques françaises et devenir d'usage courant. Tels sont: confort, revolver, redingote, sentimental, châle, verdict, flanelle, locomotive.

Au contraire, les mots plus récents sont écrits et prononcés à 1’anglaise: grog, gentleman, dandy, clown, cake, groom, sketch, smoking, slogan, week-end, high-life. Très souvent ces mots sont synonymes inutiles des vocables français, n'apportant rien de nouveau, donc ce n'est pas à tort qu'on a protesté contre l'emploi des mots comme businessman, shopping, struggle for life et d'autres, qui ont absolument le même sens que homme d'affaires, emplettes, lutte pour la vie. Leur emploi n'a d'autre explication que le "snobisme", une parade d'anglomanie des milieux politiques et mondains bourgeois et aussi l'impression que l'emploi d'un mot étranger donne une note de distinction aux choses les plus communes. Voici un fragment typique à ce propos: "Le banquet aura lieu demain et d'abord, ça ne sera pas un banquet. Ça sera un "lonche". C'est un mot anglais. Ça veut dire banquet d'ailleurs, mais c'est beaucoup plus distingué" (M.Pagnol, Fanny, acte V, scène 4). C'est surtout le cas des mots et expressions comme baby, speech, home, lunch, fashion, garden party, happy end, shake hand, fair play, all right.

Une certaine partie de ces emprunts sont dus à l'anglais parlé aux États-Unis d'Amérique et il est parfois difficile d'établir si un mot est venu directement de l'anglais ou de l'américain. Parmi ces derniers on peut citer: jazz, sky - scraper, chewing-gum, celluloïd, jeep (g.p., abréviation de "generai purpose" = d'un usage général"), gang.

Il y a des radicaux anglais qui ont servi à former des dérivés à l'aide des suffixes: stopper, handicaper, lockouter ou lock-outer, flirter, behaviourisme, clownerie; d'autres se sont adaptés à la prononciation et à l'orthographe françaises: carpette, bifteck, en anglais carpet, beefsteak. Mais la plupart ont conservé la forme et la flexion anglaises; ainsi, le pluriel de lady est, en français comme en anglais, ladies, gentleman est au pluriel gentlemen.

On emploie en français aussi des mots anglais qui ont acquis officiellement une circulaton internationale (copyright, printed in, made in, standard) et d'autres qui sont préférés, en bien des pays, aux vocables nationaux au même sens: leader, meeting, toast, interview.

Les emprunts anglais et américains sont très significatifs au point de vue des états sociaux qu'ils reflètent. L'abondance de la nomenclature technique atteste la contribution des peuples anglo-saxons au progrès de certains domaines des sciences, mais il y a aussi des mots qui dévoilent des états de choses et des procédés spécifiques à la vie capitaliste en décomposition: gangster, bluff, lock-out, trust, brain-trust, dumping, électrocuter, lynchage, hold-up, kidnapper, strip-tease, etc.

En général, les emprunts anglais récents se font voir surtout dans le vocabulaire des milieux réactionnaires français. Les oeuvres littéraires modernes, romans et pièces de théâtre de l’entre-deux-guerres, retraçant la vie mondaine de la haute bourgeoisie cosmopolite, sont riches en mots anglais. Au contraire, les masses populaires et progressistes manifestent une tendance restrictive envers ces emprunts, qu'elles remplacent par des formations françaises correspondantes. On connaît une seule exception à cela, un "slogan" qui est employé dans les milieux progressistes, détesté par les milieux réactionnaires: Go home!

Il en est tout autrement de la langue russe. A l'heure actuelle, où l'Union Soviétique est devenue une puissance mondiale de si grande importance scien-tifique, économique et politique, la langue française comme la plupart des langues du monde, s’enrichit de "soviétismes", c'est-à-dire de mots nouveaux désignant les notions et les institutions soviétiques. Il faut remarquer que l'importation de ces termes a lieu dans les conditions d'une âpre lutte de classe: la presse progressiste répand les soviétismes parmi ses lecteurs, tandis que la presse réactionnaire les évite ou les déforme. Ainsi, le mot bolchevik a dans la presse réactionnaire tantôt la forme bolchéviste et le sens de "maximaliste" (celui qui veut le maximum), tantôt la forme bolchévik et un sens proche de celui de "nihiliste", "anarchiste", comme dans le fragment: "C'est ça, vous approuvez ce révolté, vous félicitez l'ingrat! Encore un bolchévik, qui veut détruire ma famille" (M.Pagnol, Fanny, 1,9).

Les sphères sémantiques auxquelles appartiennent les mots russes empruntés par le français varient selon l'époque de l'emprunt. Avant la Grande Révolution socialiste d’Octobre on a importé des mots liés au régime tzariste (tzar, moujik, knout, ukase) ou à la nature et aux moeurs russes: archine, cozaque, hetman, izba, kibitka, steppe, toundra, taïga, troïka, samovar, kvas, vodka. Ils ont pénétré en français par la traduction des oeuvres des grands écrivains classiques russes, Pouchkine, Gogol, Tourguéniev, Tolstoï, Dostoïevsky, très appréciés par des écrivains français comme Flaubert, Mérimée, Maupassant, R. Rolland. Les militants politiques russes, qui sous les tzars se réfugiaient surtout en Suisse et en France, ont fait adopter, par leurs publications, des mots comme décembriste, populiste, douma, etc. C'est à la même époque que se rattache l'introduction de quelques termes scientifiques: mammouth, béluga, scorbut, tchernoziom, podzol, merzlota, doline.

Les mots empruntés au russe après 1917 sont surtout des termes de valeur sociale, politique et économique. Pour désigner les notions reflétant la vie de l'Union Soviétique, le français se sert de plusieurs procédés:

3) Des emprunts purs, c'est-à-dire des mots qui ont été adoptés intégra-lement: kolkhoze, sovkhoze, komsomol, soviet, spoutnik.

4) Des calques: autocritique, plan quinquennal, émulation socialiste, brigade de choc, organisation de masse, héros du travail, exploitation agricole collective.

5) Des groupements descriptifs, quand les mots français groupés pour rendre la notion voulue subissent une certaine transformation sémantique: coin rouge, actif de parti, livraison de céréales.

a) Mots dérivés des radicaux russes avec des aff ixes français: koulakisme, dékoulakisation. Il peut y avoir aussi des mots qui ont déjà été formés en russe avec des morphèmes internationaux: collecttviser, collecti-visation, tractoriste, p lanification.

b) Notons aussi 1’influence exercée par la langue russe sur la signification de certains mots français comme collecti f, pionnier, qualifié, question dont on a déjà parlé.

Ce sont là les principales langues qui ont donné des mots au français, mais non pas les seules. Presque toutes les langues du globe ont contribué avec quelques mots à l'enrichissement du vocabulaire français. Des mots relatifs à la faune et à la flore spécifiques des différents pays ou concernant leur système monétaire sont entrés en français avec leur forme originaire. Ces mots sont pour la plupart d’une circulation assez restreinte. Voici des exemples de mots provenant de différents pays plus ou moins éloignés de la France: narval, ris (danois), guzla (croate), paprika, shako (hongrois), pospolite (polonais), palikare (grec moderne), morse (finois), geyser, édredon, eider (islandais), caoutchouc (péruvien), ara, tapioca (brésiliens), hamac (caraïbe), caribou (canadien), kayac (esquimau), kaolin (chinois), judo, kimono, daïmio, kami, mikado (japonais), bambou, casoar, gong, sarbacane (malais), tabou (polynésien), gnou (hottentot). Le mot bar baque paraît avoir été emprunté au roumain ("berbec").

A l'époque moderne, où les moyens de transport facilitent les relations directes entre les peuples des pays très éloignés, et que les communications par la presse et la radio sont si fréquentes, un nombre toujours plus grand de mots étrangers pénètrent dans toutes les langues, ce qui prouve la valeur des emprunts comme moyen d'enrichissement du vocabulaire.

 

§ 27. Les emprunts internes

Tous les emprunts dont nous nous sommes occupés jusqu'à présent sont faits à des langues étrangères, mortes ou vivantes; on peut les appeler donc emprunts externes. Mais le fonds lexical de la langue commune d'un peuple peut s'enrichir aussi par des emprunts aux dialectes de la même langue; ce sont les emprunts internes.

Sous ce rapport, la langue qui a fourni le plus grand nombre de mots au français c'est le provençal, considéré par certains linguistes non pas comme un dialecte, mais comme une langue, qui comprend elle-même plusieurs dialectes. La Provence a connu au moyen âge une culture très florissante: ce fut là qu'on élabora, pour la première fois en Europe médiévale, une langue littéraire, et sa poésie constituait un modèle pour tous les peuples voisins. Mais les événements historiques, la "croisade des Albigeois" et la politique de centralisation pratiquée par les rois de France aboutirent à l'assujétissement du pays et à la dégradation de la langue. Vers le milieu de XIXe siècle, un groupe d'écrivains de langue d'oc (Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Th. Aubanel), réunis dans l'école littéraire connue sous le nom de félibrige ont essayé de rendre au provençal le rang de langue littéraire qu'il avait autrefois, mais leurs efforts furent vains. Parmi les mots provençaux, entrés en assez grand nombre en français, citons: amadou, badin, baliverne, ballade, cabane, cadeau, cargaison, cadenas, caserne, cigale, causse, délabrer, dôme, escargot, farandole, guidé, gaviteau, gavotte, hauturier, julep, langouste, mistral, tocsin et beaucoup d'autres.

Beaucoup moins nombreux sont les mots empruntés à une autre langue, le breton, qui forme un des "îlots de parlers non-romains" sur le territoire de la France (ainsi que le basque, le flamand et l'alsacien). Mots bretons: alios, cadet, capulet, darne, goéland.

Les dialectes ont également donné au lexique français des mots qu'on peut rencontrer dans les régions où l'on parle ces dialectes et dans les oeuvres littéraires s'y rapportant. Dans un chapitre antérieur nous avons donné des exemples de mots berrichons. Voici des exemples des autres dialectes:

 

normands: bocage, câble, estaminet, girouette, grisou;

dauphinois: mélèze;

picards: faucard, galibot, gazouiller;

gascons: garbure, gavache.

..................................................................................................................

Le lexique français emprunte aussi des mots aux divers parlers, jargons, argots, patois, terminologies. Excepté ces dernières, qui donnent des mot à signification précise mais d'usage limité, les autres n'apportent guère de sens nouveaux, tout leur intérêt résidant dans leur pittoresque et leur force expressive. L'étude de ces mots incombe à la stylistique plutôt qu'à la lexicologie, comme les dialectismes relèvent plutôt de la dialectologie.

§ 28. Le rôle des emprunts dans le vocabulaire

De cette énumération des langues qui ont donné des mots au français on a pu réaliser l'importance des emprunts comme moyen d'enrichissement du vocabulaire. Il n'y a pas de domaine de la vie dont le vocabulaire ne contienne des mots empruntés à différentes langues. Très souvent les mots nouveaux sont introduits en même temps que les notions nouvelles qu'ils désignent et pour lesquelles il n'y a pas d'équivalents assez précis et expressifs, donc ils répondent à une nécessité réelle.

Cependant, si les emprunts sont souvent nécessaires, il arrive aussi qu'ils soient inutiles, encombrants même, lorsqu'il y a déjà dans la langue des mots qui expriment les mêmes notions de sorte que l'emprunt ne fait que surcharger le vocabulaire de mots que les masses ne comprennent pas.

Ce danger a été signalé par Lénine dans son article "Sur l'épuration de la langue russe". L'emploi inutile et incorrect des mots étrangers est qualifié par lui comme une déformation de la langue. Lui-même n'abusait jamais de l'emploi des néologismes.

C'est pourquoi dans les différentes étapes du développement des langues on voit apparaître des courants "puristes", qui s'opposent aux emprunts abusifs. La lutte pour la pureté de la langue est légitime lorsque l'emploi des mots étrangers n'est dicté que par la mode, sans enrichir la langue. Mais cette tendance contraire peut aussi être exagérée, faisant voir des traits réactionnaires de nationalisme ou de chauvinisme. Ici, comme ailleurs, l'un et l'autre excès choque.

Les emprunts sont justifiés lorsqu'ils comblent réellement une lacune, évitant l'emploi d'une périphrase longue et lourde et si leur aspect n'est pas choquant dans la langue emprunteuse. Ainsi, il n'y avait pas en français un mot qui exprimât l’idée de "jeter une lettre dans la boîte postale"; sous l'influence du verbe anglais to post, on a formé récemment le verbe " poster une lettre", qui remplit cette lacune. Souvent un mot trop long est remplacé par un mot emprunté, plus court. Par exemple, 1e mot anglais lift a été quelque temps employé au lieu du mot français ascenseur, mais il n'a pas réussi à 1’évincer; toutefois on ne dit plus "garçon à ascenseur", mais liftier. Le mot lift a totalement supplanté l'ancienne dénomination russe, trop lourde, ÏÎÄÚÅÌÍÀß ÌÀØÈÍÀ et tend à se substituer au roumain ascensor.

L'emprunt est légitime aussi lorsqu'il sert à désigner une chose proprement étrangère, spécifique au peuple qui parle la langue prêteuse: pudding, samovar, lied. D'ailleurs c'est la langue elle-même qui, à quelques exceptions près, ne con­serve en fin de compte que les emprunta qui lui sont vraiment utiles.

Chapitre VI. LA SÉMANTIQUE

§ 29. L’objet de la sémantique

La conversion à part, tous les procédés d’enrichissment du lexique analysés jusqu’ici se ressemblent, malgré leur variété, par ce qu’ils consistent en la création des mots nouveaux par de nouvelles combinaisons de la matière sonore. Mais le lexique peut s’enrichir aussi par de nouvelles acceptions des mots déjà existants, c’est-à-dire par des voies sémantiques.

La sémantique est la branche de la lexicologie qui traite des significations des mots et de leurs équivalents. Ces significations sont étudiées du point de vue de leur changement et de leur développement.

Il y a une différence entre le changement et le développement sémantique des mots. Le mot change de sens lorsqu’il en reçoit un de nouveau, qui élimine le sens originaire. Il développe son sens lorsque la nouvelle acception s’ajoute à l’ancienne, de sorte que le mot arrive à avoir deux ou plusieurs acceptions: de monosémique il devient polysémique.

Voici quelques exemples de changement de sens:

Le verbe étonner signifiait autrefois “ébranler par un coup de foudre”. Aujourd’hui il signifie “suprendre”: dans la langue contemporaine, “ça m’étonne” n’est guère plus énergique que “ça me surprend”.

L’adjectif saoul ou soûl (du latin “satulus”) avait autrefois le sens de “rassasié’. Plus tard il a limité sa sphère sémantique, signifiant aujourd’hui “rassasié de vin’, “ivre’’.

La fabrique était autrefois le “revenu d’une église”, tandis que dans la langue contemporaine ce mot existe avec le sens de “établissement où l’on produit des objets par des procédés mécaniques”.

De même, le mot candeur a perdu sa signification de “blancheur éclatante”, l’adjectif hautain n’a plus le sens propre de “haut”, navrer et offenser ne s’appliquent plus aux blessures corporelles. D’autres mots qui n’ont plus le sens d’autrefois sont: galère, librairie, rôle, etc.

Les cas de développement du sens sont beaucoup plus nombreux et leur étude forme l’objet de ce chapitre.


§ 30. La polysémie et la monosémie des mots

Au cours de leur développement historique, les mots arrivent à exprimer plusieurs significations. La polysemie est la faculté d’un mot d’avoir des significations differentes dans des textes différents. En principe, tous les mots sont polysémiques, sauf les “idiotismes” et ceux qui font partie de la “terminologie”. Ceux-ci, de règle, n’ont qu’un sens,
précis et uniforme: ils sont monosémiques.

Cette capacité des mots d’avoir divers sens prend parfois des proportions considérables. Selon Littré, le verbe aller a près de 40 significations, mettre en a environ 50, p rendre et faire 80. Il y a des mots dont le sens varie selon le milieu où ils sont employés; ainsi le mot opération a un sens pour le chirurgien, d’autres pour le mathématicien, le militaire, le financier, le policier, le voleur. Tels mots comme jeu, tête, raison, main, jour, etc. ont chacun quelques dizaines de significations, sans parler des mots chose et machin qui peuvent signifier tout ce qu’on veut; vu son extrême polysémie, le mot chose est presque devenu une espèce de pronom indéfini d’un caractère abstrait. Certains motssont devenus très polysémiques dans la langue contemporaine: type, boîte, etc.

Malgré cette diversité de significations, les hommes n’éprouvent aucune difficulté à se faire comprendre, parce que, si le mot en tant qu’unité de la langue est polysémique, il est toujours monosmique dans le parler. La polysémie et la monosémie des mots forment une unité dialectique.

La polysémie est la loi suprême de la sémantique. L’évolution sémaritique des mots, appelée aussi resémantisation, est une féconde source interne de l’enrichissement du vocabulaire. Il serait encombrant si chaque notion nouvelle était suivie de l’apparition d’un mot nouveau. La langue réussit à utiliser les vocables qu’elle possède en leur donnant une nouvelle vie. Cette formation a lieu dans le langage humain constamment et de maintes manières, entre lesquelles il n’y a pas de barrières infranchissables. Au contraire, elles s’entrecroisent et s’entremêlent, comme on va le voir dans ce qui suit.


§ 31. Le sens propre et le sens figuré

A vrai dire, le changement du concret à l’abstrait et
l’inverse est aux confins de la lexicologie et de la stylistique: c’est un cas particulier de ce grand dynamisme sémantique qui produit le changement du sens propre au sans figuré.

On dit qu’un mot est employé au sens propre q uand il exprime l’idée primitive et naturelle pour laquelle il a été créé; il est employé au sens figuré quand il est détourné de son acception initiale pour s’appliquer à une autre idée. L’emploi des mots au sens figuré donne des “figures de mots et de pensée”, parmi lesquelles il y a deux qui intéressent spécialement la lexicologie: la métaphore et la métonymie.

La métaphore consiste à transporter la significationpropre d’un mot à une autre signification qui ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison sous-entendue. Ainsi:

a) On applique le nom d’un objet à un autre, par un rapport de ressemblance: “une feuille de papier”, “une branche de la science” (par analogie à la feuille ou à la branche d’un arbre), “la dent d’une scie”, “ le col d’une bouteille”, “ le pied d’un arbre”.

b) Des noms d’aniaux ou d’objets sont appliqués aux homines pour en souligner une particularité physique ou morale: un lion (un homme brave), une lionne ( une femmeénergique, régnant dans son monde), un serin (home niais ), une pie (personne bavarde), une vipère (femme méchante), une guenon (femme très laide), un pigeon (homme qui se laisse facilement duper), une scie (personne ennuyeuse), une perche (personne “longue comme une perche”), une fontaine (personne qui pleure facilement). Presque tous ont une nuance péjorative.

c) On transporte les mots de la sphère physique à la sphère morale, rendant ainsi plus sensible l’expression d’une idée: “la soif de l’or”, “l’ivresse du pouvoir”, “une pluie d’or” (abondance de richesse), “aborder une question”, “échouer dans une entreprise”, “se couvrir de laurier’, ‘blesser l’amour propre”.

La métonymie est un procédé qui consiste principalement à prendre:

a) l’instrument ou l’action pour le résultat: “vivre de sa plume”, “le pinceau de Raphael”.

b) Le contenant pour le contenu: “Boire un verre”.

c) La partie pour le tout, ou le tout pour la partie: “Un village de cent toits”, “Je veux qu’à mon départ toute l’Epire pleure” (Racine).

d) Le matériel pour l’objet: des porcelaines, des aquarelles, un marbre.

e) Le signe pour l’objet signifié: “Perdre sa couronne”, “porter dans sa giberne le bâton de maréchal”, “Il quitta l’épée pour la plume”.

L’étude détaillée de ces“tropes” et des autres fait l’objet de la stylistique.


§ 32. Restriction et extension du sens

Un des plus importants moyens d’enrichissement du lexique par la resémantisation est le processus bipolaire de la restriction et de l’extension du sens.

L’exemple classique de restriction du sens est le mot roman, qui au moyen âge signifiait toute oeuvre littéraire écrite en langue romane, à la différence des oeuvres écrites en latin. Tandis que ces dernières traitaient des sujets théologiques ou philosophiques, le “romans” avaient des sujets laïques, notamment des aventures d’amour, donc ce mot a pris un sens correspondant et, à mesure que les genres littéraires se différenciaient, il prenait un sens limité, précis, désignant aujourd’hui un genre littéraire.

Voici d’autres exemples de mots qui avaient autrefois une signification plus large que celle d’aujourd’hui:- Avaler signifiait “descendre, abaisser”; aujourd’hui il signifie également “descendre”, mais seulement “dans le gosier”. - Traire signifiait “tirer” (“traire l’épée du fourreau”), aujourd’hui il ne signifie que “tirer le lait des vaches, des chèvres, etc.” - Labourer signifiait “travailler’; à présentil est limité à une seule espèce de travail. —Le crin désignait autrefois les cheveux des humains aussi bien que le poil des bêtes; aujourd’hui il no s’emploie d’ordinaire qu’en ce dernier sens. - Le mot viande désignait tous les aliments; il ne désigne plus que la chair des animaux. - De même, sevrer signifiait “séparer”, linceul —“linge, drap de lin”, poison — “breuvage”.

Il y a aussi des mots que l’usage a spécialisés. Aujourd’hui on fait la différence entre ennoblir (= donner de la noblesse morale: “La vertu ennoblit l’homme”) et anoblir (accorder un titre de noblesse: “Napoléon I-er anoblit ses lieutenants”). Au XVII—e sciècle ni l’usage ni la prononciation ne distinguent ces mots: “La levée d’un siège, une retraite, l’ont plus anobli que ses triomphes” (La Bruyère).


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Ïîèñê ïî ñàéòó:



Âñå ìàòåðèàëû ïðåäñòàâëåííûå íà ñàéòå èñêëþ÷èòåëüíî ñ öåëüþ îçíàêîìëåíèÿ ÷èòàòåëÿìè è íå ïðåñëåäóþò êîììåð÷åñêèõ öåëåé èëè íàðóøåíèå àâòîðñêèõ ïðàâ. Ñòóäàëë.Îðã (0.016 ñåê.)